1568, Ginevra – condanna a morte per lesbismo

1568, Ginevra: una condanna a morte per lesbismo.

E. William Monter, 1974. «La sodomie à l’époque moderne en Suisse romande», Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, Année 1974 Volume 29 Numéro 4 pp. 1023-1033; online allo http://www.persee.fr/articleAsPDF/ahess_0395-2649_1974_num_29_4_293533/article_ahess_0395-2649_1974_num_29_4_293533.pdf

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Le cas, peut-être le plus révélateur de tous, est celui d’une lesbienne qui fut noyée en 1568 (35). Le saphisme est extrêmement rare dans les registres juridiques (c’est le seul exemple à Genève), et naturellement on requit aussi dans cette affaire le jugement de Colladon [NdR: Germain Colladon, giurista]. On avait initialement arrêté cette femme pour fornication, mais elle irrita ses juges en proclamant de façon blasphématoire qu’elle était vierge, jusqu’à ce qu’elle fût contredite par le rapport de la sage-femme ; sur quoi elle s’effondra et avoua aussi s’être livrée au saphisme quatre ans auparavant. Colladon se fonda sur son attitude blas­phématoire pour considérer comme probable le fait qu’elle fut une lesbienne comme elle l’avait déclaré spontanément. Et le saphisme équivalait à la sodo­mie : « un cas si détestable et contre nature mérite le châtiment de la mort par le feu, selon le droit impérial ».

Colladon ajouta immédiatement au sujet de la sentence publique qui était lue à haute voix lors de l’exécution, qu’ « il n’est pas nécessaire de décrire en détail les circonstances d’une telle affaire, mais qu’il suffit de dire qu’il s’agit d’un crime détestable de fornication contre nature ». Et la sentence officielle, conservée dans le même dossier, insiste sur le blasphème et la fornication, ajoutant que la condamnée avait aussi commis un crime détestable et contre nature, qui est si vilain qu’on ne le nomme pas à cause de l’horreur qu’il inspire (36).

Par contre, les détails des crimes des homosexuels [fine p. 1029] masculins faisaient l’objet d’une description minutieuse lors de l’exé­cution. Il s’agit donc ici d’un véritable tabou pour la société de Genève du xvie siècle, de la plus grave perversion — et elle était condamnée sans pitié par le même juriste qui fit preuve d’une réelle impartialité et dans certains cas d’indulgence dans les jugements qu’il rendait dans les affaires impliquant une autre grande perversion du même siècle, la sorcellerie(37). Il est difficile de dire si l’horreur particulière entourant le saphisme était la conséquence d’une galanterie mal placée ou celle d’une misogynie manifeste.
[fine p. 1030]

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NOTE
35. Ibid., Ire série, # 1465.
36. « Commettre crime détestable et contre nature, tel est si vilain que pour l’horreur d’iceluy il n’est ici exprimé. » Une telle phrase, à ma connaissance, n’apparaît jamais dans les sentences pour les homosexuels.
37. Sur le rôle de Colladon, consulter mon ouvrage «Witchcraft in Geneva, 1537-1662», Journal of Modem History, 43, pp. 189-191, 204.

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